À ma mère
Je me rappelle encore
Cet âge d’or
Où tu étais mon seul port,
Ces tendres moments
Quand j’étais enfant
Lorsque tu me regardais,
Mon bonheur était inégalé,
Il suffisait,
Que ma main dans ta main
Me protège des lendemains.
Et puis, petit à petit,
J’ai grandi
Mon regard envers toi
S’est amoindri
C’était l’âge de l’adolescence
Où nous séparent nos différences
J’avais honte que tu me tiennes la main
Pourvu que je ne sois pas vue des copains.
Je voulais de mon monde t’exclure
Et garder pour moi seule
Mes victoires, mes blessures
Mes amis c’était ma vie
Mon nouveau monde, mon paradis.
Et voilà que le cycle de vie
Se répète à l’infini
Rien n’est gratuit,
Tout se repaie
Tout se relie
Car moi aussi
J’ai fait des petits
Qui à leur tour, ont grandi
Et puis, se sont éloignés aussi.
En eux, je revoie mes vieux prétextes enfouis
Et ce n’est qu’aujourd’hui
Que je comprends mes niaiseries.
Je me demande souvent
Que puis-je faire à présent
Pour effacer mes erreurs d’autant
Tout ce mal que je t’ai créé
Tes larmes que j’ai piétinées
Toutes tes blessures inavouées
Ta fierté refoulée
Devant mon arrogance mal placée.
Je te regarde désormais
Et j’admire tes traits fatigués
Toutes ces rides creusées
Qui racontent mon passé
À moi, tout comme avant,
L’honneur comme quand j’étais enfant
Mais c’est moi qui te tiendrai la main
Pour te guider sur les chemins
Je marcherai fière à tes côtés
La tête haute, bien relevée
Pour montrer au monde entier
Cette femme toute recroquevillée
Qui marche d’un pas indécis
Cette femme qui m’a donné la vie
Cette femme dont je suis fière
Ma déesse pour la vie, ma mère.